C'est bien certain qu'il faut connaître pas mal le mouvement naturel des oiseaux au gré des saisons. Les migrations printanières ne sont pas pareilles comme celle de l'automne et certaines espèces visibles lors d'une migration peuvent être complètement absentes lors de la suivante. Ou encore, la migration printanière est souvent très concentrée sur une courte période alors que l'automnale peut s'étirer sur plusieurs mois. Il y a des oiseaux qui ne sont que de passage dans le sud du Québec tandis que d'autres résident à l'année. Quand on connaît bien ces nuances, on peut alors planifier un calendrier plus ou moins précis et viser des espèces en particulier. Par exemple, j'attendais impatiemment la présence du Fuligule à dos blanc au mois de novembre ou début décembre car il n'apparait presque jamais au printemps vu qu'il migre dans le centre du continent à cette période.
La première statistique montre les additions faites à chaque mois. J'ai constaté que d'une année à l'autre, la courbe suit passablement la même allure.
- JANVIER - - - - - - - 36 espèces
- FÉVRIER - - - - - - - 1 espèce
- MARS - - - - - - - - - 9 espèces
- AVRIL - - - - - - - - - 48 espèces
- MAI - - - - - - - - - - - 72 espèces
- JUIN - - - - - - - - - - 15 espèces
- JUILLET - - - - - - - - 2 espèces
- AOÛT - - - - - - - - - - 9 espèces
- SEPTEMBRE - - - - 5 espèces
- OCTOBRE - - - - - - 16 espèces
- NOVEMBRE - - - - - 5 espèces
- DÉCEMBRE - - - - - 2 espèces
Visuellement, ça donne ceci:
Le mois de mars est peu élevé, toujours à cause du vortex polaire. J'aurais dû avoir un meilleur chiffre à ce mois-là mais je me suis repris en avril. Les 72 espèces ajoutées en mai étaient prévisibles pour la plupart alors que c'était le retour en masse de tous nos petits migrateurs. Rendu en juin, je n'avais qu'à me concentrer sur les nicheurs estivaux que j'avais manqués ou qui se trouvaient en des sites très localisés. Ce qui fait qu'en juillet, j'avais pratiquement fait le tour.
Il fallait donc attendre le mois d'août pour la migration des premiers oiseaux partant vers le sud. C'est pour cette raison que la courbe remonte. J'aurais dû avoir un meilleur mois de septembre et j'ai été très chanceux de spotter des espèces en début d'octobre. Je me souviens que trois espèces de parulines me faisaient suer et que je craignais fort de les manquer: la Paruline à calotte noire, la Paruline à couronne rousse et la Paruline verdâtre. J'aurais dû cocher la première au printemps, en fin mai. La seconde est déjà rare et la troisième encore plus!
Le mois de novembre aussi aurait dû être plus élevé. Ce qui s'est passé, c'est que certains oiseaux aquatiques sont apparus plus tôt que prévu dans le calendrier et ont donc été cochés dès la fin octobre.
C'est en décembre que ça a été, pour ainsi dire, désastreux. J'avais la magnifique opportunité d'observer les oiseaux sans me soucier de rentrer tôt à la maison ou même de passer les fins de semaine sur le terrain. Je comptais énormément aussi sur les deux recensements de Noël que je fais dans le Haut-Richelieu. Lors du premier, les oiseaux étaient littéralement absents et le deuxième a été reporté au 2 janvier suivant (donc aujourd'hui!). Évidemment, il était trop tard pour ajouter toute espèce intéressante que je risquerais d'observer: Troglodyte de Caroline, Plectrophane lapon, Pie-grièche grise, etc.
La grisaille du mois de décembre m'a aussi affecté grandement. J'ai perdu la motivation de sortir et pourtant, je savais qu'il y avait des oiseaux à voir... combien de fois j'ai vu ces mentions de Troglodyte de Caroline (il m'a souvent fait baver celui-là), de Moqueur polyglotte, de Pie-grièche grise. Il aurait juste fallu que je me botte le derrière pour aller les chercher.
C'est donc ça le danger de faire une Grande Année à partir de chez soi. Quand je prends l'exemple de Dorian Anderson l'an dernier, ou Noah Stricker cette année, ces deux-là sont littéralement partis de chez eux pour un trajet sans retour. Ils n'avaient pas le choix que de continuer vers l'avant, jusqu'au dernier jour. Avec un tel trajet, c'est certain que la motivation DOIT être au rendez-vous.
Mais... Est-ce que je regrette quelque chose? Non, pas du tout. Si je n'ai pas atteint le plus haut sommet espéré, ça me laisse juste la porte grande ouverte pour battre mon propre record de 220. J'ignore quand ce sera possible mais je ne suis pas pressé de recommencer.
Prochaines statistiques: les sites visités
PS: Durant le recensement de Noël d'aujourd'hui, j'ai pu voir 5 beaux Plectrophanes lapons... juste deux jours trop tard!!!!