J'avais un oiseau en tête: la Sturnelle des prés. Ce bel oiseau des champs disparaît de plus en plus de nos campagnes québécoises alors que les champs de foin d'antan sont irrémédiablement remplacés par des champs de maïs ou pire encore, des champs de soya. Et dans les champs de foin restants, les coupes se font de plus en plus tôt, les agriculteurs fauchant non seulement le foin mais aussi les nichées de tous les oiseaux qui y trouvent refuge: sturnelles, goglus, maubèches et bruants. Il y a sans doute d'autres facteurs qui font que les sturnelles sont de plus en plus rares mais c'est peut-être dans leurs quartiers d'hiver qu'il faudrait chercher le bobo.
En faisant des recherches sur eBird, l'endroit le plus proche où j'avais une chance de voir une sturnelle se trouve à 30 kilomètres de la maison, à Saint-Lazare. La dernière date d'observation remontait au 26 mai... la chance serait-elle de mon bord? Je ne connaissais aucunement l'endroit, je ne savais pas trop où chercher. Et le ciel devenait gris noir menaçant. Alors que nous roulions sur la 40, j'ai failli dire à Yin Choy de faire demi-tour. Mais qui ne risque rien n'a rien.
Nous nous rendions donc au chemin du Fief. Passées les premières maisons, et tout à coup les boisés laissent place à quelques champs herbeux. En sortant de la voiture, j'entends un goglu, une crécerelle qui était perchée sur un fil s'envole... un paysage champêtre d'il y a 30 ans!
Yin Choy était resté dans l'auto et moi, armé de mon télescope, j'entreprends de marcher le long de la route. Je venais à peine de faire quelques pas qu'un oiseau brun avec les bords de la queue blancs s'envole. Je reconnais tout de suite une Sturnelle des prés! Je la suis à la jumelle et la voilà qui se pose finalement dans un arbuste, dans le champ. Je fais des grands signes à Yin Choy pour qu'il vienne me rejoindre. J'installe le télescope, et je la v-o-i-s!!! Yin Choy fait des photos mais avec le ciel gris en arrière-plan et le feuillage de l'arbuste qui cache l'oiseau, les photos sont vraiment nulles. Je suggère de se déplacer mais la sturnelle a décidé que c'était ELLE qui allait changer de place et elle s'envole... pour se percher dans un autre arbuste, devant une haie de cèdres! À ce moment, on peut vraiment apprécier le jaune de sa poitrine, avec son grand V noir. Les photos sont très moches à cause du manque de clarté. Mais quand même, pour le souvenir:
Par chance, pendant que YC prenait la photo ci-dessus, j'ai vu atterrir une seconde sturnelle derrière l'arbuste où était le mâle (car c'en était un!). C'était sûrement une femelle... donc on peut croire qu'il y a des petites sturnelles quelque part en train de grandir!!
Puis, la pluie s'est mise à tomber, je n'ai même pas eu le temps de voir si je pouvais trouver les goglus que j'entendais chanter dans un champ voisin.